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Une fin de session mouvementée à Québec

  • David Boudeweel
  • 16 hours ago
  • 5 min read

À l’approche du temps des Fêtes, certaines traditions ne se perdent pas : le sapin de Noël, la bûche, les vœux de la nouvelle année... et le bilan de la session parlementaire de Québec Now! Si vous voulez savoir ce qui a marqué les dernières semaines de l’actualité québécoise, ce qui ressort de la dernière session, et comment se présente 2026, alors cette édition est un incontournable.

 

Rémunération des médecins : un pas en avant

Après plusieurs semaines d’impasse, les négociations sur la rémunération des médecins ont connu une première percée, le gouvernement du Québec et les médecins de famille étant parvenus à une entente de principe, tandis que le gouvernement a accepté de reporter l’entrée en vigueur de sa législation afin de permettre la poursuite des discussions. Bien que des enjeux importants demeurent non réglés et que les négociations avec les médecins spécialistes soient toujours dans l’impasse, cette évolution a permis d’atténuer les inquiétudes immédiates liées à d’éventuelles fermetures de cliniques et à des perturbations de services. Les prochaines semaines seront déterminantes, alors que le gouvernement, avec le premier ministre François Legault jouant un rôle central et le ministre de la Santé Christian Dubé demeurant en retrait, cherche à parvenir à une entente plus large et durable avec la profession médicale, dans un contexte d’incertitude persistante.

 

Une fin d’année sous haute tension pour le PLQ

La fin de l’année 2025 a été marquée par de fortes turbulences au sein du Parti libéral du Québec. La cheffe parlementaire libérale, Marwah Rizqy, a d’abord congédié sa cheffe de cabinet pour « motif grave », sans fournir d’explications publiques, avant d’être elle-même évincée de son poste et du caucus par le nouveau chef, Pablo Rodriguez. Cette séquence opaque a renforcé l’impression d’un profond malaise au sein du PLQ. Le lendemain, un scandale est venu aggraver la situation : le Journal de Montréal révélait que des militants auraient payé des membres afin d’influencer leur vote lors de la course à la chefferie. Bien que légale à l’époque, cette pratique a sérieusement entaché la crédibilité du chef libéral et ravivé de mauvais souvenirs pour plusieurs Québécois. À ce stade, Pablo Rodriguez ne semble pas être parvenu à reprendre le contrôle de la crise, reste à voir si la pause du temps des Fêtes lui permettra de souffler un peu.

 

La CAQ ouvre un nouveau front avec les syndicats

Début novembre, le ministre du Travail, Jean Boulet, a officiellement déposé son très attendu projet de loi qui vise à moderniser les activités syndicales au Québec. Le projet de loi, qui rendrait certaines cotisations facultatives, en plus d’imposer des obligations de déclarer certaines dépenses et de publier des états financiers vérifiés, a suscité la fureur de la totalité des grandes centrales syndicales au Québec, qui souhaitent mobiliser la population comme ont réussi à le faire les médecins avant eux, et qui brandissent même le spectre d’une grève sociale au printemps. Le problème : pour le moment, les syndicats sont encore plus impopulaires dans l’espace public que la CAQ. Qui remportera ce combat entre mal-aimés?

 

Nouveau projet de loi pour renforcer la laïcité au Québec

Le ministre responsable de la langue Française et de la Laïcité Jean-François Roberge a profité de la fin de la session parlementaire afin de déposer une nouvelle pièce législative visant à renforcer la laïcité au Québec. Ce projet de loi prévoit l’élargissement de la laïcité aux garderies, aux Cégeps et aux universités. Les étudiants et le personnel devront ainsi avoir le visage découvert, les locaux de prières seront interdits (sauf dans les lieux de résidence), et le financement aux écoles privées religieuses progressivement aboli. Avec cette pièce législative, le gouvernement semble vouloir rééditer ses succès connus avec la Loi 21, il y a quelques années maintenant.

 

Le pouvoir québécois : virage militaire pour l’économie québécoise

Après les déboires récents de la filière batterie, et afin de repositionner la stratégie économique de son gouvernement, le premier ministre François Legault a procédé au dévoilement officiel de sa nouvelle vision économique. Si celle-ci repose toujours sur l’augmentation significative de la production d’électricité afin d’attirer de nouveaux projets industriels, la priorité est désormais donnée, en bonne partie, aux entreprises du secteur militaire et de l’exploitation des minéraux critiques. Le Québec semble ainsi vouloir se positionner pour récolter la part du lion des investissements massifs en Défense prévus par le Canada au cours des prochaines années.

 

Aplaventrisme face au fédéral : le chef du PQ s’excuse

Au Québec, la nomination de Marc Miller au poste de ministre fédéral de la Culture a provoqué une controverse en raison de déclarations antérieures sur le déclin du français. Le premier ministre du Québec, François Legault, s’est insurgé, qualifiant Miller de « disgrâce pour les Québécois ». Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, lui, a carrément pris à parti les représentants du milieu culturel québécois ayant félicité le nouveau ministre, une procédure d’usage, les accusant de manquer de loyauté envers le Québec. Face à l’indignation créée par sa sortie, celui-ci n’a d’ailleurs eu d’autre choix que de s’excuser pour ces propos.

 

Un dernier effort pour débloquer les grands projets?

Le gouvernement du Québec a posé des gestes visant à accélérer la réalisation de grands projets, le ministre des Finances, Éric Girard, ayant déposé un projet de loi pour accélérer la mise en œuvre d’initiatives d’envergure, tandis que le ministre de l’Environnement, Bernard Drainville, a annoncé son intention de réduire de moitié les délais d’évaluation environnementale. Après près de deux mandats marqués par l’annulation de plusieurs grands projets, dont le terminal de liquéfaction de GNL Québec au Saguenay, le gouvernement semble désormais changer d’approche dans le but d’améliorer les perspectives économiques de la province à l’approche de l’élection. Bien que ces mesures devraient être bien accueillies par les promoteurs de grands projets, des questions demeurent quant à leur capacité à soutenir efficacement et rapidement la relance économique.

 

Des sondages toujours déplaisants pour la CAQ

La CAQ espérait pouvoir capitaliser dans l’espace public sur les scandales dans lesquels les libéraux sont empêtrés. Un premier sondage publié dans les derniers jours a toutefois jeté un froid : bien que le PLQ chute à 21% dans les intentions de vote, la CAQ, elle, ne gagne qu’un point, à 18%. C’est le Parti Québécois qui sort pour le moment grand gagnant des malheurs libéraux : la formation souverainiste accroit son avance importante, à 39% des intentions de vote, une première depuis 15 ans.

 

Fin de session parlementaire – les gagnants et les perdants

À l’automne, François Legault a procédé à un rare remaniement ministériel pour tenter de redonner un souffle à un gouvernement en chute dans les sondages à un an des élections. La CAQ avait prévu une série de mesures populaires : semblant de virage à droite, reprise en main de la rémunération des médecins, modernisation du régime syndical, renforcement de la laïcité. Mais rien ne s’est déroulé comme prévu. Les médecins ont mené un combat acharné et, malgré l’adoption de la Loi 2 sous bâillon, ont remporté une bataille d’opinion que la CAQ croyait acquise. Cette crise a éclipsé le reste de l’action gouvernementale, tandis que les autres mesures n’ont pas vraiment trouvé écho, comme si le problème tenait moins au message qu’à celui qui le porte. Legault abordera donc l’année électorale avec un net retard et peu de cartes politiques en main pour le combler.

 

Heureusement pour la CAQ, la session n’a pas été de tout repos pour ses adversaires : le PLQ reste empêtré dans les scandales, et Québec solidaire est quasi inaudible depuis le départ de ses porte-parole, dans un contexte défavorable à la gauche. Pour l’instant, c’est le PQ qui en profite et formerait un gouvernement super-majoritaire si une élection avait lieu demain. Il reste huit mois avant la prochaine élection: une éternité pour une formation dirigée par un chef parfois impulsif et inexpérimenté.

 

Bref, même si la CAQ part de loin, la volatilité actuelle rend l’année électorale plus ouverte que jamais. Mieux vaut rester bien attaché à son siège!

 

 

 
 
 

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