Québec réagit prudemment au budget fédéral
- David Boudeweel
- Nov 9
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Le budget fédéral présenté la semaine dernière a suscité une réaction mesurée de la part du gouvernement du Québec, qui y voit une certaine cohérence sur le plan des principes budgétaires, mais demeure insatisfait du soutien d’Ottawa en matière d’infrastructures. Le gouvernement Legault estime que le nouveau fonds d’infrastructure annoncé par le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, ne répond pas aux besoins de la province, puisqu’il prévoit des investissements limités sur dix ans. À la lumière des propres investissements annuels du Québec, la contribution fédérale paraît modeste et peu susceptible de résorber le retard accumulé dans les infrastructures.
Si le ton adopté par Québec est resté mesuré, la réaction traduit néanmoins une frustration persistante face au partage des responsabilités financières au sein de la fédération. Selon l’analyse du gouvernement, une bonne partie des sommes annoncées ne ferait que recycler des fonds déjà prévus dans d’anciens programmes. Comme d’autres provinces, Québec plaidait pour un plan fédéral plus ambitieux et à plus long terme, notamment pour la modernisation des hôpitaux et l’expansion du transport collectif.
Fait notable, cette fois, c’est surtout ce que Québec n’a pas critiqué qui retient l’attention. Pour une rare fois, le gouvernement n’a pas dénoncé le niveau des transferts fédéraux en santé et en services sociaux, un sujet pourtant récurrent dans les relations intergouvernementales. Au contraire, la province semble reconnaître que l’approche d’Ottawa en matière d’investissements et de rigueur budgétaire rejoint largement la sienne. Le gouvernement y voit un signe positif, même si cette convergence souligne les limites de l’influence provinciale sur la conception de programmes nationaux qui les concernent directement.
Québec a toutefois raté l’occasion de pousser plus loin la discussion sur la coopération économique à l’échelle canadienne. Le budget offrait pourtant une tribune pour réclamer la réduction des barrières au commerce interprovincial et une meilleure harmonisation des règles fiscales et réglementaires entre les provinces et territoires — des objectifs essentiels pour renforcer la compétitivité, mais absents de la réaction du gouvernement Legault.
Par ailleurs, les réactions des acteurs économiques et sociaux au Québec ont été prévisibles : les milieux d’affaires ont salué les mesures favorisant l’investissement et l’innovation, tout en exprimant des inquiétudes quant à l’écart de compétitivité avec les États-Unis, tandis que les organisations syndicales ont dénoncé les compressions dans la fonction publique et l’absence de mesures fiscales plus progressives.
En somme, la réaction du Québec au budget Carney reflète à la fois une certaine convergence de vues et une déception sur le fond. La province appuie l’orientation économique générale, mais juge les engagements d’Ottawa insuffisants pour répondre à l’ampleur des défis en matière d’infrastructures et de compétitivité.