Au Québec, la question du jeu en ligne et de sa régulation par l'État suscite un débat renouvelé, alors que le gouvernement dirigé par la Coalition Avenir Québec (CAQ) envisage d'introduire une nouvelle législation qui limiterait sévèrement l'accès au marché pour les entreprises autres que Loto-Québec. Cette réflexion du ministre des Finances, Éric Girard, intervient dans un contexte de diminution des revenus de l'État et de performances financières de Loto-Québec jugées insatisfaisantes par rapport aux attentes gouvernementales.
La nouvelle proposition législative envisagée par le Québec se présente comme une réponse directe à l'expansion des activités de sociétés privées dans la province. Le gouvernement, loin de baisser les bras, semble déterminé à reprendre le contrôle sur un secteur où Loto-Québec n’a réussi à capturer que moins de 50% de l'activité en ligne.
Le président de Loto-Québec a récemment souligné l'importance de renforcer la position de l'entreprise étatique, non seulement pour sécuriser les revenus de l'État, mais aussi pour garantir une offre de jeu responsable et fiable. Cependant, le plan d'Éric Girard de restreindre l'accès des opérateurs privés soulève des inquiétudes significatives parmi les entreprises technologiques qui soutiennent l'infrastructure de ces plateformes de jeu. La perspective d'une législation restrictive au Québec pourrait menacer leur activité économique, alors qu'elles fournissent des services essentiels à un secteur en pleine croissance.
La démarche québécoise paraît aller à contre-courant des tendances observées ailleurs en Amérique du Nord et dans le monde. Par exemple, l'Ontario a adopté une approche réglementaire ouverte depuis 2022, permettant aux entreprises privées de fonctionner légalement à travers un système de permis, générant ainsi d'importants revenus pour le trésor provincial. Cette divergence soulève la question de l'optimisation des modèles de régulation du jeu en ligne et de leur efficacité à générer des revenus tout en contrôlant les risques associés, comme la dépendance au jeu et la fraude.
La volonté de réguler strictement le secteur pose également la question fondamentale de la place de l'État dans la régulation des activités économiques sur Internet. En tentant de limiter l'accès aux plateformes de jeu en ligne basées sur le Web, le gouvernement québécois s'aventure sur un terrain complexe où la liberté d'entreprise et l'accès des consommateurs à une diversité de services pourraient être restreints.
À l'approche de la fin du mandat actuel de la CAQ, la proposition de loi sur le jeu en ligne pourrait devenir un enjeu politique. Elle testera non seulement la capacité du gouvernement à imposer sa vision en matière de régulation économique, mais aussi sa sensibilité aux préoccupations des joueurs et des entreprises du secteur. L'issue de ce débat pourrait bien redéfinir l'avenir du jeu en ligne au Québec, dans un contexte où les enjeux financiers, éthiques et sociaux sont plus interconnectés que jamais.
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