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Une réforme énergétique adoptée à la hâte

  • David Boudeweel
  • 8 juin
  • 2 min de lecture

Dans la nuit du 7 au 8 juin 2025, à la toute fin de la session parlementaire, le gouvernement du Québec a adopté sous bâillon le projet de loi 69, une réforme d’envergure qui redessine en profondeur la gouvernance énergétique de la province. Adoptée sans réelle consultation ni étude d’impact complète, la nouvelle mouture du projet de loi laisse en suspens de nombreuses questions, notamment pour les grands consommateurs d’électricité, qui se voient directement touchés.


La réforme ne se limite pas à une simple révision des tarifs : elle redistribue les responsabilités financières de manière discutable. En plus d’alourdir la facture pour les grands consommateurs, le gouvernement choisit désormais d’intégrer au tarif de distribution certaines compensations versées dans le cadre d’ententes avec les communautés autochtones. Si ces ententes sont légitimes, leur financement aurait mérité une réflexion plus transparente. Par ailleurs, le rôle de la Régie de l’énergie est réduit, au profit d’un pouvoir élargi pour Hydro-Québec. Cette centralisation des décisions soulève des questions fondamentales sur l’équilibre, l’équité et la gouvernance de notre système énergétique.


La hausse des tarifs pour les entreprises, notamment les PME et les industriels, s’inscrit aussi dans une logique politique assumée : celle de maintenir artificiellement un plafond de 3 % pour les hausses tarifaires résidentielles. Ce choix, bien que populaire sur le plan électoral, transfère la pression sur d’autres clientèles sans que l’impact sur l’ensemble de l’économie québécoise ait été véritablement mesuré. On semble avoir oublié que l’énergie abordable ne profite pas seulement aux ménages, mais constitue aussi un levier clé de notre développement industriel et de nos efforts de décarbonation.


Autre élément qui interpelle : le projet de loi 69 est présenté comme le fondement d’un Plan de gestion intégré des ressources énergétiques, un outil censé être rigoureux, exhaustif et tourné vers l’avenir. Pourtant, il écarte d’emblée toute évaluation du potentiel gazier du Québec. Dans un contexte où la rareté énergétique devient une réalité, où chaque kilowattheure compte, ce choix semble plus idéologique que pragmatique. Fermer la porte à toute discussion sur le sujet limite la portée de l’exercice et, au final, notre capacité à planifier efficacement.


Les partis d’opposition ont dénoncé cette réforme et demandé son retrait, soulignant qu’elle ne correspond en rien au projet initial présenté par le prédécesseur de l’actuelle ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. Le texte final, profondément remanié, s’éloigne du consensus recherché et alimente la méfiance.


Ce projet de loi aurait mérité mieux : un débat ouvert, une écoute attentive des parties prenantes et une évaluation sérieuse des impacts. Car au cœur de la transition énergétique, il ne s’agit pas seulement de modifier des règles : il faut s’assurer que le modèle qui en résulte soit juste, cohérent et capable de répondre aux défis d’un Québec industriel, ambitieux et en transformation.

 

 
 
 

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