Comme attendu, le ministre des Finances du gouvernement du Québec, Éric Girard, a présenté plus tôt aujourd’hui une mise à jour économique sur l’état des finances publiques.
L’économie du Québec en chiffres
Les dépenses gouvernementales sont estimées à 143,8 milliards de dollars;
Les revenus sont estimés à 144,8 milliards de dollars;
Le déficit prévu pour 2022-2023 est en hausse à 5,2 milliards après versement au Fonds des générations, le fonds d’investissement de la province;
Le taux de chômage atteint 4,5% en 2022, et devrait s’établir à 5% en 2023;
Le taux de poste vacant atteint pour sa part 6,2%.
Présentation sommaire Le ministre Girard confirme un ralentissement de l’activité économique au Québec, dans le sillage de la tendance mondiale actuellement observée. Ainsi, l’économie québécoise s’est accrue de 1,4 % au premier trimestre de 2022, et de seulement 0,3% au deuxième trimestre. Ce ralentissement plus important que prévu est expliqué par l’augmentation des prix à la consommation et des taux d’intérêt, et il est prévu que ce ralentissement se poursuive au cours des prochains mois. En 2023, cette croissance devrait atteindre au plus 0,7%, ce qui alimente les craintes de récession économique. Le gouvernement prévoit par ailleurs que les conditions économiques actuelles, conjuguées à la force du dollar américain, nuiront aux exportations québécoises.
Le gouvernement du Québec a également confirmé la mise en place des mesures de son « Bouclier anti-inflation » promises lors de la dernière campagne électorale, à l’exception de la baisse d’impôts, qui devra vraisemblablement atteindre au prochain Budget. Les mesures annoncées et confirmées (bonification du crédit d’impôt remboursable aux aînés, gel des tarifs gouvernementaux, envoi d’un chèque de 400$ à 600$ à 6,5 millions de Québécois, indexation des prestations gouvernementales) représentent plus de 13 milliards de dollars.
La mise à jour économique contient également quelques mesures ciblées, notamment des investissements de 445 millions de dollars pour favoriser l’abordabilité des logements, ainsi que de 253 millions de dollars pour l’ajout de 225 policiers et intervenants sociaux, en particulier à Montréal. Fait à noter, Québec prévoit, comme Ottawa, taxer les produits de vapotage, une mesure qui devrait lui rapporter environ 40 millions de dollars.
Malgré le ralentissement économique et les dépenses additionnelles, Québec réitère son intention de revenir à l’équilibre budgétaire pour l’exercice financier 2027-2028. La mise à jour économique présentée par Québec ne prévoit aucune augmentation d'impôt pour les particuliers et les sociétés.
Analyse sommaire
La mise à jour économique présentée aujourd’hui contient peu de surprises, et confirme essentiellement la mise en œuvre de mesures promises par François Legault lors de la dernière campagne électorale.
Malgré les propos rassurants du ministre des Finances, et une timide prévision de croissance économique pour 2023, le gouvernement apparaît inquiet d’un nouveau ralentissement, voire d’une récession économique, comme le sont un nombre croissant d’économistes. Le ministre a répété à plusieurs reprises que les prévisions économiques pour 2023 sont incertaines. Fidèle à son habitude, Éric Girard joue de prudence, avec dans sa poche un scénario alternatif pessimiste advenant une récession, et une provision pour risques économiques de 8 milliards de dollars.
La mise à jour confirme une nouvelle fois une hausse considérable des revenus gouvernementaux, en grande partie grâce à l’inflation galopante. Afin de lutter contre l’inflation, et surtout contre le ralentissement économique, le gouvernement du Québec semble faire le choix de la stimulation de la consommation. Ainsi, les mesures annoncées touchent principalement le pouvoir d’achat des ménages. Leur efficacité réelle, notamment pour lutter contre l’inflation, demeure toutefois à prouver.
Par ailleurs, la mise à jour économique vient une fois de plus confirmer l’ampleur de la pénurie de main-d’œuvre que connaissent les entreprises québécoises. Près de 250 000 emplois n’étaient pas comblés au deuxième trimestre de 2022, un record absolu. La pression sera immense sur le gouvernement au cours des mois à venir, et notamment en prévision du prochain Budget présenté au printemps afin de mettre en place rapidement des mesures concrètes visant à soutenir les entreprises à cet égard, et ce, même si un ralentissement de la création d’emplois est prévu en 2023.
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