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David Boudeweel-Lefebvre

Mise à jour économique du gouvernement du Québec

Comme attendu, le ministre des Finances du gouvernement du Québec, Éric Girard, a présenté plus tôt aujourd’hui sa mise à jour économique sur l’état des finances publiques du Québec.

 

Présentation générale

La mise à jour économique du gouvernement du Québec présentée aujourd'hui met de l'avant des mesures destinées à réduire le déficit budgétaire croissant, reflétant une priorité claire de contrôle des finances publiques.

 

Parmi les ajustements annoncés, une réduction du crédit d'impôt pour la prolongation de carrière vise à limiter les dépenses fiscales, même si cela entraîne des répercussions pour les travailleurs âgés qui souhaitent prolonger leur activité professionnelle et les employeurs. Cette mise à jour s'inscrit dans un contexte de pressions financières accrues, où chaque mesure est orientée vers la maîtrise des coûts et la viabilité à long terme des finances publiques du Québec.

 

On remarque une certaine amélioration de la projection de croissance, mais une difficulté à restreindre les dépenses. Ainsi, l’économie québécoise devrait croître de 1,2% en 2024 et de 1,5% en 2025. Selon le ministre des Finances, cette embellie est attribuable à une réduction de l’inflation et à une réduction anticipée des taux d’intérêt et, donc, d’une réduction du paiement de l’intérêt sur la dette.

 

La mise à jour économique de cette année est mince en nouvelles mesures et se contente, en général, de tenter de contenir les dépenses dans un contexte financier incertain.

 

L’économie du Québec en chiffres

  • Déficit budgétaire pour l’année en cours demeure à 11 milliards de dollars, soit 1,8% du PIB;

  • Poids de la dette prévu au 31 mars 2025, 39%;

  • Croissance économique prévue de 1,5% en 2025;

  • Revenus prévus pour l’exercice en cours de 152,6 milliards;

  • Dépenses prévues pour l’exercice en cours de 160,6 milliards;

  • Versement prévu au Fonds des générations de 2,2 milliards;

  • Retour à l’équilibre budgétaire maintenu pour 2029-2030;

  • Amélioration du pouvoir d’achat, comparativement à l’Ontario;

  • Le gouvernement pige 750 millions dans sa marge de manœuvre pour imprévus afin de réduire le déficit comptable.

 

Principales mesures

 

Impact sur les travailleurs âgés

  • Le gouvernement du Québec a annoncé une restriction du crédit d'impôt pour la prolongation de carrière, affectant les travailleurs âgés. Cette mesure, initialement conçue pour encourager les personnes de 60 ans et plus à demeurer sur le marché du travail, a vu son montant maximal réduit de 1 000 $. Ainsi, pour les travailleurs de 65 ans et plus, le crédit passe de 1 650 $ à 650 $, tandis que pour ceux âgés de 60 à 64 ans, il diminue de 1 500 $ à 500 $. Cette réduction vise à alléger le fardeau fiscal du gouvernement, mais suscite des préoccupations quant à son impact sur les travailleurs expérimentés qui comptaient sur ce soutien financier pour prolonger leur carrière.

 

Soutien au secteur forestier

  • 252 millions $ pour appuyer la transformation du bois et les efforts de reboisement.

 

Soutien aux Québécois

  • 184 millions sur 4 ans pour accélérer la construction de nouveaux logements.

  • Augmentation des suppléments de revenu pour les prestataires d’assistance sociale.

 

Développement des collectivités

  • 1,2 milliard $ pour les sociétés de transport collectif, sur 5 ans.

 

Sécurité des collectivités

  • 433 millions $ pour reconstruire les infrastructures endommagées par des inondations et installer 18 nouveaux sites cellulaires en région.

 

Mesures fiscales

Impôts des particuliers :

  • Maintien de l’indexation prévue des tables d’impôt.

  • Révision du crédit d'impôt pour la prolongation de carrière, désormais réservé aux travailleurs de 65 ans et plus.

 

Harmonisation fiscale :

  • Alignement des gains en capital avec le régime fédéral.

 

Analyse préliminaire

La mise à jour économique présentée par le ministre des Finances, Éric Girard, met en lumière une détérioration de la situation financière du Québec, qui passe du statut de l'un des meilleurs élèves fiscaux de la fédération il y a quelques années à celui d'une des provinces les plus vulnérables aujourd'hui. Cette transition reflète une combinaison de facteurs économiques externes et de décisions budgétaires internes qui pèsent lourdement sur la santé financière de la province.

 

Un contexte international incertain

La pression sur les industries québécoises risque de s’accentuer avec l’arrivée d’une nouvelle administration aux États-Unis en 2025, ce qui pourrait modifier les politiques commerciales et fiscales au sud de la frontière. De plus, la mise à jour budgétaire ne tient que peu compte des incertitudes internationales qui pourraient perturber davantage l'économie québécoise, notamment dans des secteurs stratégiques comme les exportations et l'énergie. La mise à jour se sert de ces éléments pour justifier la détérioration des finances publiques sans offrir de véritable solution.

 

Revenus d’Hydro-Québec sous pression

La mise à jour économique ne prend pas non plus en considération les récentes projections des revenus d’Hydro-Québec, qui devraient être en baisse en raison de la conjoncture énergétique mondiale et des défis opérationnels. Cette omission est préoccupante, compte tenu du rôle central que joue le dividende d’Hydro-Québec dans les finances publiques québécoises.

 

Un exercice aux résultats incertains

En dépit des efforts déployés, cet exercice budgétaire pourrait s’avérer partiellement vain, notamment en raison des changements économiques anticipés aux États-Unis et de l’impact des revenus en baisse des sociétés d’État. Ces éléments, combinés à une gestion des dépenses qui ne semble pas alignée sur une réelle volonté de faire un ménage dans les finances publiques, fragilisent les perspectives de redressement à moyen terme.

 

Des défis structurels et hérités

Le gouvernement actuel semble éprouver des difficultés à se recentrer sur ses missions principales (santé, éducation, réduction du fardeau fiscal), ce qui exacerbe les impacts des dépenses amplifiées durant et après la pandémie. Les engagements pris pour soutenir les secteurs de la santé, du logement et des infrastructures continuent de générer des pressions budgétaires significatives. Ces choix, bien que nécessaires à court terme, risquent de compromettre les efforts de retour à l’équilibre budgétaire pour 2029-2030.


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