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Mini-budget du Québec : constat et analyse

David Boudeweel-Lefebvre

Présentation sommaire :


Ce 25 novembre 2021, le ministre des Finances Éric Girard a fait le point sur la situation économique et financière du Québec en présentant une mise à jour économique sous le thème Un Québec orienté vers l’avenir.


Voici les grandes lignes de cette mise à jour économique :

- Les dépenses gouvernementales pour 2021-2022 sont estimées à 126,7 milliards de dollars;

- Les revenus sont prévus à 131,1 milliards de dollars;

- Le déficit anticipé pour 2021-2022 est de 7,5 milliards après un versement de 3,3 milliards au Fonds des Générations, qui est le fonds d'investissement de la province.


Cette mise à jour économique, selon les autorités gouvernementales, est principalement axée sur les deux défis majeurs auxquels font face les entreprises et les ménages québécois : l’inflation, qui devrait atteindre 4,4% au Québec en 2021-2022, et la pénurie de main-d’œuvre.


Le ministre des Finances a à cet égard annoncé des mesures ciblées, notamment :

- Une bonification de 215 millions de dollars du crédit d’impôt pour frais de garde d’enfants;

- Une prestation exceptionnelle pour 3,3 millions de personnes à faible ou à moyen revenu à raison de 400$ par couple ou de 275$ pour une personne vivant seule;

- Une aide fiscale supplémentaire de 200$ pour les aînés à faible revenu de 70 ans et plus;

- La construction de jusqu’à 2200 nouveaux logements abordables;

- Des investissements totalisant 2,9 milliards de dollars sur cinq ans pour former, requalifier et attirer près de 170 000 travailleurs dans cinq domaines : Santé et services sociaux (953 millions), Éducation (551 millions), Services de garde éducatifs à l’enfance (213 millions), Génie et technologies de l’information (1,1 milliard) et Construction (70 millions);

- Des mesures totalisant 444 millions pour accélérer la croissance et la productivité des entreprises.


Le déficit total projeté est de 7,5 milliards de dollars, une baisse de près de 50% par rapport aux précédentes estimations, en grande partie grâce aux effets de la reprise économique, plus vigoureuse que prévu. Le déficit structurel (déficit qui ne sera pas résorbé avec la reprise économique prévue) s’élève pour sa part à 4 milliards de dollars, lui aussi en baisse.


Québec réitère son intention de revenir à l’équilibre budgétaire pour l’exercice financier 2027-2028, sans toutefois identifier clairement, pour le moment du moins, les moyens concrets qui seront mis en œuvre pour y parvenir. Chose certaine, la mise à jour économique présentée par Québec ne prévoit aucune augmentation d'impôt pour les particuliers et les sociétés en continuité avec les engagements précédents du ministre.


Québec revoit également à la hausse ses prévisions de croissance économique, passant de 4,2% au budget de mars dernier à 6,5% dans la mise à jour économique d’aujourd’hui, fruit d’une reprise économique plus soutenue que prévu.


Les coûts totaux occasionnés par la pandémie de la COVID-19 au Québec, incluant les dépenses et les pertes de revenus, se situent maintenant à près de 17 milliards pour le gouvernement du Québec.


Perspectives


Le Québec est en meilleure santé financière que la plupart des autres provinces du pays. Et c’est sans parler de la situation déficitaire chronique du gouvernement fédéral. Aujourd’hui, le gouvernement du Québec décide de réinvestir dans deux de ses missions fondamentales que sont la santé et l’éducation.


Pour ce qui est des investissements en matière de développement économique, ils se font rares, le gouvernement estimant que la situation actuelle est positive et que le chômage tend fortement à la baisse. Les sommes annoncées pour le soutien des moins nantis se répercuteront positivement sur les petits commerces (restaurants, dépanneurs, commerces de détail) en augmentant le revenu disponible de plus de 3 millions de personnes de manière temporaire. L’effet sur l’inflation, lui, risque d’être plutôt négatif et entretiendra la surchauffe plutôt que de la calmer. Comme nous l’avons vu en Alberta il y a une vingtaine d’années, les chèques directs ne remplacent pas des programmes structurants de développement économique à long terme.


En matière de pénurie de main-d’œuvre, les mesures sont peu nombreuses et plutôt timides. Les investissements en formation sont judicieux, mais dans un trop petit nombre de secteurs pour faire une véritable différence à long terme. Les emplois dans le secteur tertiaire sont fortement négligés, de même que le secteur manufacturier.

Nous comprenons que des mesures plus significatives seront certainement présentées dans le budget du printemps prochain, mais la marge de manœuvre actuelle du gouvernement aurait pu davantage être utilisée pour favoriser l’employabilité des Québécois et Québécoises. Le volet de l’immigration n’a pas non plus été abordé et la question du défi démographique demeure entière.


Néanmoins, il faut saluer l’équipe économique du gouvernement qui sort de la pandémie de COVID-19 à la tête d’un Québec relativement intact. Qui plus est, avec une province plus forte par rapport à ses voisins immédiats qu’en mars 2020. Le Québec a tous les atouts en main pour réussir à se démarquer dans un monde de plus en plus compétitif, mais il améliorer ses politiques en immigration, soutenir son secteur manufacturier et ses PME tout en opérant une gestion serrée de ses finances publiques.

La mise à jour d’aujourd’hui est un prélude aux orientations qui se présenteront dans la dernière année du mandat du gouvernement actuel. Nous sommes confiants que des jours encore meilleurs sont à venir, pourvu qu’on puisse planifier à long terme et laisser les entreprises et autres acteurs de développement économique jouer pleinement leur rôle.

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