Dans quelques jours, les ministres et députés québécois reprendront la route pour la Capitale-Nationale, pour un automne qui s’annonce particulièrement chaud. Réforme en santé, possible grève dans le secteur public, seuils d’immigration : à l’aube de la rentrée parlementaire officielle, l’équipe de Québec Now vous présente, en rafale, les principaux dossiers qui risquent de rebondir à l’Assemblée nationale. Bonne lecture!
Réforme du réseau de la Santé : l’ombre du bâillon plane
Après avoir convoqué la commission parlementaire chargée d’étudier son projet de réforme majeure du système de santé québécois deux semaines avant la rentrée parlementaire officielle, le ministre de la Santé Christian Dubé a déposé pas moins de 150 amendements à son propre projet de loi, un mastodonte colossal comprenant déjà plus d’un millier d’articles. Considérant que le ministre souhaite qu’Agence Santé Québec, le pilier de sa réforme, soit opérationnelle au printemps prochain, le recours au bâillon apparaît déjà, à toutes fins pratiques, presque inévitable. À moins que le ministre de la Santé n’ait des atouts cachés dans ses manches?
Grève à venir dans le secteur public ?
Il s’agit probablement de l’un des principaux nuages gris qui planent au-dessus du gouvernement Legault en cette rentrée parlementaire. Alors que les négociations avec la fonction publique semblent depuis plusieurs semaines dans l’impasse, les dirigeants syndicaux ont récemment monté le ton, menaçant d’une grève à l’automne. Un tel scénario risquerait non seulement de paralyser le fonctionnement courant de l’État, mais mettrait également en péril la mise en œuvre de plusieurs chantiers majeurs voulus par le gouvernement, notamment en Santé, en Éducation et aux Transports. Contrairement à la précédente ronde de négociations, les principaux syndicats de la fonction publique présentent cette fois un front uni, ce qui complique la tâche de la Présidente du Conseil du Trésor, Sonia Lebel.
Seuils d’immigration : un moment décisif pour le gouvernement
Dès la rentrée, les parlementaires devront étudier les propositions faites par le gouvernement Legault pour fixer de nouveaux seuils d’immigration pour le Québec pour la période 2024-2027. Il s’agit d’un dossier potentiellement explosif pour la CAQ, qui s’est historiquement opposée à une augmentation de ces seuils au-delà des niveaux actuels. Celle-ci a d’ailleurs entamé un revirement significatif sur la question, pénurie de main-d’œuvre oblige. Sur ce dossier, un travail de pédagogie important attend le gouvernement, particulièrement auprès de sa base électorale nationaliste qui considère que les capacités d’accueil du Québec sont déjà atteintes.
Une rentrée scolaire plombée par l’inflation et la pénurie
Des organismes communautaires croulant sous les demandes de soutien pour l’achat de matériel scolaire et de repas pour les élèves, une centaine de postes d’enseignants non comblés à quelques jours de la rentrée scolaire, moyens de pression promis par les profs en négos à l’ouverture des classes : la rentrée scolaire s’annonce périlleuse pour le ministre de l’Éducation Bernard Drainville. Celui-ci s’est d’ailleurs fait discret dans les dernières semaines, se contentant d’annoncer une directive pour interdire l’usage du cellulaire en classe. Les oppositions, la libérale Marwah Rizqy en tête, ne devraient pas manquer de l’interpeller sur sa gestion de la rentrée scolaire dès la reprise des travaux.
Le Québec s’apprête-t-il à reconnaître le droit à la réparation ?
Il s’agit d’un dossier qui n’a pas fait pas souvent les manchettes, mais qui n’en demeure pas moins important : le ministre de la Justice a déposé, peu avant la fin de la dernière session parlementaire, un projet de loi visant à assurer la durabilité et la réparabilité de plusieurs biens de consommation, tels les électroménagers, les ordinateurs et les voitures. Le projet de loi devrait être étudié dès les premières semaines de travaux à l’Assemblée nationale, et, fait rare, pourrait être adopté relativement rapidement, compte tenu de sa réception positive par les oppositions. Ce faisant, le Québec deviendrait la première province canadienne à consacrer le droit à la réparation.
Élection partielle dans Jean-Talon : un test important pour Legault
Le départ-surprise de la députée caquiste de Jean-Talon, annoncé plus tôt cet été, forcera la tenue d’une élection partielle le 2 octobre prochain. Ce scrutin arrive au pire moment pour le gouvernement : plusieurs électeurs de cette circonscription, en temps normal forteresse caquiste, n’ont pas digéré l’abandon du projet de Troisième lien entre Québec et Lévis. Les premiers sondages laissent entrevoir que la CAQ pourrait perdre aux mains du Parti Québécois. Signe de la nervosité dans les rangs caquistes : une fuite opportune a révélé que le candidat péquiste souhaitait, lors des dernières élections générales, se présenter... pour la CAQ. La course promet d’être enlevante!
Qu’arrive-t-il avec la course à la chefferie du Parti libéral du Québec ?
À l’heure actuelle, les modalités pour la prochaine course visant à nommer un successeur à Dominique Anglade, qui a démissionné suite à la défaite historique des troupes libérales au scrutin d’octobre 2022, demeurent inconnues. Les candidats prestigieux ne se pressent pas non plus au portillon. Au contraire, l’un des candidats potentiels les plus en vue, l’ancien ministre des Transports André Fortin, a renoncé à se présenter. Après avoir jonglé avec l’idée de présenter les règles de la prochaine course lors de son Congrès à l’été dernier, le PLQ a repoussé cet échéancier à l’automne. Est-ce que cela incitera des candidats d’envergure à se déclarer? À voir!