La récente rencontre entre le premier ministre du Québec, François Legault, et le président américain, Donald Trump, à Paris, lors de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, revêt une portée aussi symbolique que pratique. Profitant de l’absence du premier ministre canadien Justin Trudeau, Legault a eu l’occasion de serrer la main du chef de l’État américain et d’échanger quelques mots. Ce geste, bien que discret, démontre que le Québec entend explorer directement certaines avenues diplomatiques, sans nécessairement se cantonner à la seule voie fédérale.
Au-delà de l’aspect protocolaire, cette rencontre illustre une évolution dans la dynamique des relations internationales du Canada. De plus en plus, les provinces, dont le Québec et l’Ontario, font valoir leur capacité à établir des contacts commerciaux directs avec les États-Unis. Le contexte politique actuel, marqué par une certaine fragilisation de l’autorité fédérale, semble ouvrir de nouveaux espaces d’action. Le Québec, prévoyant ces développements, a considérablement renforcé ses délégations commerciales aux États-Unis au cours des dernières années. Cet investissement pourrait s’avérer bénéfique, surtout si les provinces continuent de chercher à étendre leurs relations économiques au-delà des cadres habituels.
Certes, la présidence de Donald Trump comporte des incertitudes, mais elle apporte aussi des occasions de réévaluer les liens économiques entre le Québec et son principal partenaire commercial. Les États-Unis demeurent le premier marché d’exportation du Québec, et il est donc important pour la province de ne pas s’en remettre exclusivement aux orientations fédérales. En utilisant ses réseaux et en développant ses propres approches, le Québec entend accroître la visibilité de ses entreprises et consolider leurs liens commerciaux, sans forcément attendre que le Canada agisse en premier.
Le Québec a toujours été l’une des provinces canadiennes les plus favorables au libre-échange, ce qui lui confère un avantage dans un contexte où la diplomatie commerciale commence à se partager différemment entre les juridictions. Aujourd’hui, l’implication d’acteurs variés – qu’il s’agisse de délégations provinciales, de regroupements sectoriels ou d’agences spécialisées – permet d’adopter des approches plus souples et ciblées, en phase avec les besoins de marchés spécifiques.
Il n’en demeure pas moins que de nombreuses entreprises québécoises, notamment dans l’industrie de l’aluminium, du bois d’œuvre et des produits agricoles, nourrissent des inquiétudes face à la possibilité de nouveaux droits de douane imposés par Washington. Ces tensions tarifaires, déjà sensibles par le passé, soulignent l’importance de parvenir à des ententes plus stables afin d’assurer la prévisibilité nécessaire au maintien et à la croissance de ces secteurs stratégiques de l’économie québécoise.
En poursuivant cette voie, le Québec espère ainsi consolider sa position économique en Amérique du Nord et mieux s’adapter à la complexité croissante des relations commerciales contemporaines.
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