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Le Québec à court d’électricité : quand la « batterie verte » du Canada tourne à vide

  • David Boudeweel
  • 10 oct.
  • 2 min de lecture

La situation énergétique au Québec traverse une zone de turbulence inédite : alors que la province a longtemps été considérée comme excédentaire en électricité, elle se retrouve maintenant à court. Depuis plusieurs mois, le Québec importe presque autant d’électricité qu’il en exporte, une inversion inquiétante de notre position historique. En 2024, pendant les 11 premiers mois, Hydro-Québec a importé près de 3,5 TWh d’électricité des États-Unis, un niveau cinq fois supérieur à celui de la même période en 2023. Parallèlement, les exportations se sont effondrées : sur cette même période, elles n’ont atteint que 5,1 TWh, soit moins de la moitié de ce qu’elles étaient l’année précédente.

 

Ce renversement de flux coûte cher. Hydro-Québec doit acheter du courant à des tarifs internationaux élevés, ce qui gruge les marges et diminue ses revenus nets. Or les contrats de vente d’électricité à long terme vers les États-Unis monopolisent déjà une grande part de notre offre disponible, réduisant d’autant la quantité d’énergie « libre » que le Québec et ses entreprises pourraient employer localement. Par exemple, Hydro-Québec s’est engagée à livrer 9,5 TWh à Boston sur 20 ans, et 10 TWh à New York sur 25 ans, ce qui représente plusieurs pourcents de sa production annuelle.

 

Mais le défi le plus aigu est sans doute l’état des barrages et réservoirs. Le plus grand réservoir, Caniapiscau, est tombé au niveau historiquement bas de 34 % de sa capacité avant de remonter à 43 % — un point critique jamais vu depuis plus de 15 ans. Quand les réservoirs sont vides, il faut plus d’eau pour produire la même quantité d’électricité, ce qui accélère la baisse d’eau restante. Pourtant, Hydro-Québec signale que d’autres réservoirs majeurs, comme La Grande-4, Laforge-1 et Robert-Bourassa, sont remplis à 96 %, 68 % et 77 %. Mais ces chiffres semblent insuffisants pour compenser l’affaissement des réserves centrales.

 

Cette rareté remet en question la capacité d’ajouter de nouveaux blocs énergétiques au Québec. Le « potentiel disponible » est désormais restreint, compte tenu de l’usure de nos réserves hydriques et de nos engagements à l’exportation. À court et moyen terme, le Québec ne peut plus se fier uniquement à l’hydroélectricité.

 

Plus que jamais, il faut diversifier les sources d’énergie. Parmi les options disponibles, la plus simple, la plus efficace et potentiellement la plus profitable est la production de gaz naturel, une ressource que nous avons sous les pieds, plutôt que d’acheter du « gaz renouvelable » du Tennessee ou d’importer du gaz de l’Ouest. En produisant chez nous, nous conserverons le contrôle, réduirons les coûts de transport et les dépendances externes, et dégagerons des bénéfices directs pour nos industries et nos citoyens.


En conclusion, la pénurie actuelle d’électricité au Québec, combinée à des niveaux de barrage alarmants et à des contrats d’exportation exigeants, exige une stratégie énergétique renouvelée. Le moment est venu de rééquilibrer notre modèle énergétique, d’exploiter nos ressources gazières de façon responsable et de bâtir une sécurité énergétique véritablement souveraine pour la province.

 

 
 
 

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