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Fin de session parlementaire mouvementée à Québec

  • David Boudeweel
  • il y a 3 jours
  • 4 min de lecture

Après des semaines d’un tourbillon médiatique et politique effréné, les travaux de l’Assemblée nationale se sont finalement conclus.  Alors que les députés prennent la route de leurs circonscriptions respectives pour l’été, l’équipe de Québec Now vous propose, en plus de son habituel compte-rendu de l’actualité québécoise, sa propre analyse de la dernière session parlementaire.

 

La réforme énergétique adoptée sous bâillon

Comme plusieurs s’y attendaient, le gouvernement caquiste a profité de la dernière semaine de travaux parlementaires pour forcer l’adoption, sous bâillon, de sa réforme énergétique. Déposée il y a un an presque jour pour jour, celle-ci demeurait engluée en commission parlementaire, depuis le départ de Pierre Fitzgibbon. La loi adoptée diffère d’ailleurs considérablement du projet de loi porté à l’époque par le superministre. Sa successeure Christine Fréchette a déposé pas moins d’une cinquantaine d’amendements, à la demande d’Hydro-Québec, affaiblissant la Régie de l’Énergie et altérant considérablement la pièce législative.

 

Le bras de fer se poursuit entre le gouvernement et les médecins

Face à l’impossibilité de s’entendre par la négociation avec les médecins, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a décidé d’opter pour la méthode forte, en déposant son projet de loi 106. La pièce législative sonnerait le glas de la rémunération à l’acte au profit d’une rémunération liée en partie à la prise en charge de patients, et en partie à la performance. Les principales fédérations médicales, qui sont vent debout contre la réforme, disposeront toutefois d’un sursis, puisque le ministre a renoncé à forcer l’adoption de la loi avant la fin de la session parlementaire. De quoi donner une ultime chance aux négociations cet été?

 

Scandale SAAQclic : de nouvelles révélations fracassantes

Camouflages, favoritisme, octroi de généreux contrats à des proches du directeur informatique de l’époque, existence de centaines de contrats satellites cachés, et même, la SAAQ qui étudierait la possibilité de puiser dans le fonds pour indemniser les accidentés de la route pour éponger son déficit abyssal: la commission chargée d’enquêter sur le fiasco SAAQclic a multiplié les découvertes fracassantes au cours des dernières semaines. Si le gouvernement a été relativement épargné pour le moment, les témoignages de la ministre des Transports et de son prédécesseur, désormais ministre de la Sécurité publique, seront assurément suivis avec attention.

 

La CAQ passe troisième dans les intentions de vote

Pour les caquistes, la session parlementaire se termine sur une note inquiétante : déjà distanciée par le Parti Québécois dans les intentions de vote, la CAQ se retrouve désormais, selon un récent coup de sonde, troisième derrière le Parti libéral du Québec, pourtant sans chef permanent. De quoi alimenter les spéculations autour de l’avenir de son chef, François Legault, et ce, malgré la détermination du principal intéressé d’être sur les lignes de départ lors de la prochaine campagne électorale.

 

Chefferie libérale : une surprise en vue ?

Le 14 juin prochain, les militants du Parti libéral du Québec auront la tâche de nommer leur prochain chef. Celui-ci devra ensuite affronter François Legault lors de la campagne électorale qui sera déclenchée l’année prochaine. Alors que l’ancien ministre fédéral Pablo Rodriguez a longtemps fait figure de favori, l’arrivée tardive de Karl Blackburn, ex-président du Conseil du Patronat, et l’émergence d’un mouvement « tout sauf Pablo » dans certains cercles libéraux semblent rebrasser les cartes et pourrait causer une surprise au fil d’arrivée. À suivre!

 

Élection partielle : le PQ et le PCQ jettent les gants, la CAQ silencieuse

L’opposition n’a pas attendu que le gouvernement déclenche l’élection partielle dans Arthabaska avant de jeter les gants. Le Parti Québécois et le Parti conservateur du Québec, qui ont de bonnes chances de remporter la mise, ont chacun dévoilé un candidat vedette : le PQ présente un journaliste bien connu, tandis que le PCQ, lui, présente son chef, Eric Duhaime. Alors que les deux clans ont commencé à s’affronter à la suite de révélations sur le passé trouble du candidat péquiste, la CAQ, elle demeure pour le moment discrète, et tarde à déclencher le scrutin.

 

Bilan de session – Notre analyse

Il serait difficile, même pour le plus convaincu des caquistes, de prétendre avec assurance que la session parlementaire qui s’achève aura été à l’avantage du gouvernement. Alors que la CAQ souhaitait reprendre l’initiative après une passe difficile, elle aura dans les faits été le plus clair de la session sur la défensive.

 

Sur le plan politique, plusieurs de ses chantiers majeurs sont compromis, ou ne rapportent pas les dividendes escomptés : la filière batterie, dans laquelle le gouvernement a investi des milliards de dollars, bat sérieusement de l’aile. L’agence Santé Québec, qui devait révolutionner le système de santé public, ne livre pas la marchandise pour le moment. Le ralliement de la population espéré par les stratèges caquistes pour faire face aux menaces tarifaires de l’administration Trump ne s’est jamais concrétisé non plus. À l’Assemblée nationale, on a souvent senti François Legault et ses ministres fatigués, et parfois même frustrés, face aux critiques.

 

Sur le plan budgétaire, les nouvelles ne sont pas plus réjouissantes. Le gouvernement caquiste doit désormais composer avec un déficit historique de 14 milliards de dollars, pour lequel il peut difficilement blâmer ses opposants, et qui limite sérieusement sa marge de manœuvre politique, en plus d’attiser le mécontentement de la société civile. Dans l’espace public, le message gouvernemental a de plus en plus de difficulté à être entendu. Les bras de fer entamés contre les médecins et les syndicats, pourtant tout aussi impopulaires dans l’opinion publique, ne résonnent pas. En partie, en raison des révélations incessantes de la commission chargée d’enquêter sur le fiasco de la transition numérique de la SAAQ. Mais le gouvernement caquiste doit aussi lutter contre un mal beaucoup plus profond : l’indifférence d’une partie grandissante de la population, encline à tourner la page sur l’ère Legault.

 

À environ un an du déclenchement de la prochaine campagne électorale, les jeux sont-ils déjà faits? Pas nécessairement : après tout, Mark Carney a mené des libéraux fédéraux usés à une victoire électorale retentissante. Si la CAQ veut remonter dans les sondages et retrouver sa place dans le cœur des Québécois, le temps presse. Malgré ses démentis publics, le chef François Legault n’aura d’autre choix que de réfléchir à son avenir politique cet été. Est-il toujours l’homme de la situation? Et si oui, comment répondre à la soif de changement des Québécois?


Chose certaine, la CAQ devra frapper fort, très fort à l’automne si elle veut espérer inverser la tendance. À défaut, la troisième voie pourrait n’avoir été rien de plus qu’une parenthèse dans l’histoire politique québécoise.

 

 
 
 

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