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Crise politique à Québec autour de la loi sur la rémunération des médecins

  • David Boudeweel
  • 9 nov.
  • 2 min de lecture

Ce qui devait améliorer l’accès aux soins de santé pour les Québécois s’est transformé en tempête politique d’envergure. La Loi 2 du gouvernement du Québec, adoptée sous bâillon, revoit le mode de rémunération des médecins et a provoqué une onde de choc à l’Assemblée nationale et au sein même de la Coalition Avenir Québec (CAQ). En quelques jours, elle a entraîné la démission du ministre des Services sociaux, l’expulsion d’une députée du caucus et une crise de confiance à l’égard du ministre de la Santé, Christian Dubé.


Au cœur de la controverse, le projet de loi vise à revoir la façon dont les médecins sont payés par l’État. Québec souhaite réduire la dépendance à l’acte médical, mieux répartir les ressources entre la première ligne et les hôpitaux, et lier davantage la rémunération à la performance et à l’accès aux soins. Les médecins y voient une attaque frontale contre leur autonomie professionnelle et une tentative de les rendre responsables des défaillances du réseau.


Lionel Carmant, ministre des Services sociaux, provient d’une famille de médecins : lui, sa femme et sa fille exercent tous la profession. Il n’était pas présent lors du vote sur le projet de loi, et sa fille a publiquement dénoncé la réforme dans les médias. Devant la pression politique et personnelle, M. Carmant a choisi de démissionner et de siéger comme député indépendant. Ce départ spectaculaire a révélé les tensions internes qui couvaient depuis des semaines au sein du gouvernement.


La députée Isabelle Poulet a, quant à elle, été expulsée du caucus alors qu’elle s’apprêtait à démissionner, prétextant son désaccord avec la Loi 2, même si elle avait voté en faveur. Le chef du Parti libéral du Québec, Pablo Rodriguez, a ensuite affirmé que Mme Poulet tentait depuis le mois d’août d’obtenir un transfert vers sa formation, ce qui a provoqué la colère du premier ministre François Legault. Cet épisode a contribué à accentuer la perception d’un gouvernement en perte de contrôle et d’un caucus fracturé.


Comme si la crise n’était pas assez profonde, le premier ministre ontarien Doug Ford s’est invité dans le débat en lançant un appel aux médecins québécois : « Venez pratiquer en Ontario! » Ce clin d’œil provocateur a fait bondir François Legault. Le chef caquiste, qui entretenait jusqu’ici des relations cordiales avec Doug Ford, a dénoncé une sortie « inacceptable » et « non solidaire entre provinces ».


Cette crise de confiance illustre à quel point la réforme a rouvert une plaie sensible entre les médecins et l’État. Christian Dubé, qui avait bâti sa réputation sur sa gestion rigoureuse et sa capacité à rallier les acteurs du réseau, voit aujourd’hui son image écornée par un projet jugé trop abrupt.


François Legault, affaibli par deux années de turbulences politiques et de mauvais sondages, ne s’attendait certainement pas à ce que la Loi 2, pourtant populaire chez une majorité de Québécois, expose autant de fissures au sein de son gouvernement. Ce qui devait être une victoire politique pourrait bien se transformer en un tournant périlleux pour la CAQ.

 

 
 
 

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