Fer de lance du Plan Santé de la CAQ, la nouvelle agence Santé Québec promet de faire parler au retour de la relâche parlementaire alors qu’un projet de loi est désormais promis pour le mois de mars. Avec Santé Québec, le gouvernement promet une gestion plus flexible et une prise de décision plus près du terrain. Des slogans maintes fois répétés, mais jamais appliqués dans le tentaculaire réseau de la santé. Le ministre de la Santé Christian Dubé, un gestionnaire réputé, réussira-t ’il là ou tant de ses prédécesseurs ont connu des échecs?
À quoi s’attendre du nouveau projet de loi sur la réforme du système de santé
Avec son projet de loi, le ministre Dubé souhaite que le ministère se concentre sur sa mission de gestionnaire du réseau : la panification, la détermination de grandes orientations, l’établissement de budgets et la mesure de la performance. La gestion courante des opérations du réseau, quant à elle, serait déléguée à l’agence Santé Québec, une nouvelle structure dirigée par un PDG et un conseil d’administration dont la composition demeure à préciser. Cette nouvelle agence aurait entre autres pour mandat d’assurer la coordination des 34 super-établissements déjà existants et d’assurer l’atteinte des cibles fixées par le ministère de la santé.
Un dossier potentiellement difficile pour la nouvelle agence de santé du Québec
À la mi-février, le ministre Dubé a promis d’abolir progressivement le recours aux agences privées de placement de personnel dans le réseau de la santé et ce, malgré une pénurie de main-d’œuvre dont le Québec ne voit pas la fin. Il pourrait être logique que Santé Québec ait la tâche d’opérationnaliser ce virage important.
Or, déjà beaucoup de résistance se fait sentir sur le terrain. Des infirmières d’agences privées ont affirmé ne jamais vouloir revenir dans le réseau public. Christian Dubé souhaite que la création de l’agence Santé Québec vienne faire du réseau de la santé un employeur de choix. Le défi sera de taille. Malgré la mauvaise impression donnée par certaines agences privées dans les dernières années au Québec, la pandémie de COVID-19 aura permis de mesurer l’ampleur des services rendus par ces acteurs au système public, particulièrement dans les régions plus éloignées. Et ce, d’autant plus que de nouveaux joueurs présentent des solutions novatrices qui cadrent mieux avec le réseau de la santé du Québec. Entre orientations politiques et réalité du terrain, donc, Santé Québec devra trouver un difficile équilibre.
La création de Santé Québec changera-t-elle les choses? Est-ce que l’ajout d’une structure administrative réussira à sauver le système de la Santé? L’avenir nous le dira. L’opposition n’a pas manquer de qualifier l’initiative de « solution de fonctionnaires » et a accusé le ministre de vouloir se déresponsabiliser des lacunes du réseau.
Le principal défi, pour le parti au pouvoir sera de maintenir la confiance que les Québécois ont envers le ministre Dubé sur le long terme. Car au-delà de l’adoption d’un projet de loi créant
l’Agence, les changements qui y sont consignés prendront des années à s’opérationnaliser. Entretemps, les nombreux dysfonctionnements du réseau, un temps mis en sourdine par la pandémie, reprendront le haut du pavé. Et c’est sans parler de la position des syndicats qui ne se priveront pas d’intervenir, compte tenu de la nouvelle ronde de négociations salariales qui s’amorce.
S’il est vrai que les Québécois tiennent Christian Dubé en estime, et qu’ils sont, dans une certaine mesure, résignés aux aberrations de leur système de santé, il n’en demeure pas moins que les citoyens du Québec espèrent des améliorations. Le ministre Dubé est la personne en qui ils ont confiance et, s’il est ouvert à l’innovation et aux nouvelles manières de faire en Santé, il pourrait bien réussir là où plusieurs ont échoué.
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